La création chez Jean Rousseau : comment se façonne une collection ?
par Anaïs Bordier
Chez Jean Rousseau, le processus de création démarre par des conversations ouvertes à tous. L’idée de départ d’une collection peut ainsi venir de n’importe qui : un collaborateur, quelqu’un d’une filiale, mon père, moi… voire même d’un client ! Nous réunissons nos idées et explorons différentes directions, puis je me lance dans la réalisation d’un « mood board », sorte de patchwork regroupant mes inspirations (photos, dessins, idées de designs, de volumes et de couleurs). Le bleu vintage et les patines beiges de notre dernière collection – en vente à l’été 2018 – m’ont par exemple été inspirés par l’artisanat marocain.
Une fois qu’on tient le mood board, un travail sur les textures est lancé et partagé avec notre tannerie tandis que les volumes et les designs, eux, sont travaillés par les prototypeurs. Un premier modèle est créé et présenté à tout le monde pour discussion : est-ce la bonne taille ? La bonne profondeur ? Doit-on ajouter ou supprimer une poche ? Et qu’en est-il de la texture ?
Même si j’adore réaliser le mood board, je crois que ce moment de débat reste celui que je préfère car nous sommes au cœur de la création. Nous échangeons sur le modèle réalisé, en quoi il correspond à notre univers, en quoi il est innovant, etc. Tout le monde est impliqué jusqu’à ce qu’un prototype final soit réalisé et présenté au salon Pitti Uomo de Florence, en Italie, en même temps qu’une collection complète d’accessoires.
Ce processus de création dure entre 3 et 4 mois au cours desquels mon père et moi parlons beaucoup. J’essaie de lui apporter mon regard créatif et mon expérience du développement d’une collection, mais ses propres connaissances, notamment de la vente, du marketing et de la communication, sont absolument essentielles à la marque… et donc à moi !