3 QUESTIONS À BENJAMIN MALATRAIT, PRÉSIDENT ET COFONDATEUR D’ICTYOS
Imaginée par trois amis ingénieurs chimistes, ICTYOS est une tannerie à la fois innovante et écoresponsable puisqu’elle propose des cuirs marins de haute qualité réalisés à partir de peaux de poissons issues de l’agroalimentaire. Alors qu’une collaboration entre ICTYOS et Maison Jean Rousseau doit bientôt voir le jour, Benjamin Malatrait, cofondateur d’ICTYOS, revient sur les dé-buts de l’entreprise et le lien qui s’est très vite créé avec la Manufacture.
Quelle est la raison d’être d’ICTYOS et comment avez-vous découvert la Maison Jean Rousseau ?
Notre projet d’entreprise est né il y a quelques années seulement, en 2016. Avec ICTYOS, mes deux associés et moi-même avons choisi d’utiliser une ressource très largement disponible mais souvent gaspillée, la peau de poisson, pour en faire du cuir de haute qualité. Depuis le début de cette aventure, nous sommes inscrits dans une démarche à la fois éthique et environnementale qui nous permet de soutenir les acteurs de la pêche durable.
Mais au départ, nous ne savions pas si c’était viable. Alors que nous étions dans une phase d’étude de faisabilité technique, nous avons contacté cent professionnels du cuir français, de tous les métiers et tous les niveau, du petit artisan solitaire au grand groupe de luxe. Parmi ces professionnels, nous avons tout de suite identifié la Manufacture comme un acteur incontournable. Nous avons alors sollicité ses équipes et nous avons été immédiatement invités à présenter notre prototype. À partir de là, nous sommes entrés dans un circuit d’échanges qui dure encore et qui aboutit aujourd’hui à une collaboration.
Quelles valeurs partagez-vous dans le cadre de ces échanges ?
Entre ICTYOS et Jean Rousseau s’est tout de suite instaurée une véritable relation humaine basée sur la confiance et la franchise. Les équipes Jean Rousseau détiennent une grande expertise du bracelet de montre et du design et font preuve d’une très grande exigence. Elles nous ont aidés à orienter nos choix esthétiques et nous ont permis de gagner énormément de temps sur le plan technique. Grâce à elles, nous avons amélioré les qualités techniques de nos cuirs, mieux défini des effets de brillance, précisé les coloris pour qu’ils soient stables à la lumière ou résistent au frottement et à l’eau. Il y a eu des dizaines d’itérations et des rencontres avec les artisans pour permettre à nos produits d’atteindre un niveau de qualité premium. Nous sommes même allés plus loin : alors que nous lancions notre tannerie mais n’avions pas encore toutes nos machines, les équipes Jean Rousseau nous ont donné accès aux leurs pour affiner certaines de nos techniques.
L’innovation semble également être un élément qui vous relie.
Tout à fait. Pour ICTYOS, l’enjeu est de révolutionner le monde du cuir et de la mode en remettant au centre un matériau éthique à valeur environnementale. Quelque part, nous avons envie d’inventer les règles de demain. La Maison Jean Rousseau se sent concernée par cette problématique. Elle investit du temps, des moyens et de l’énergie à identifier des solutions inédites. Au bout du compte, elle permet de concilier métiers traditionnels et sens de l’innovation.
La notion d’héritage est justement très importante. Chez ICTYOS, nous avons envie de créer l’héritage de notre génération, un héritage qui mêle un savoir-faire manuel et une ressource jusqu’ici inexploitée mais en quantité très importante. Jean Rousseau accompagne ce transfert de la valeur de la rareté vers une valeur de savoir-faire, d’éthique, d’engagement. C’est tout ce en quoi nous croyons et précisément le défi que nous nous lançons.